Voici la nouvelle star des cours d'école. Là, on va aller encore dans le compliqué et c'est ici qu'on voit qu'on a toujours un tour de retard. Pendant que la France réfléchit à l'interdiction des téléphones portables en France, on n'anticipe pas les lunettes connectées. Je pense que cela va être un nouvel outil de harcèlement et le prochain fléau à gérer.
Alors que le niveau de nos élèves ne cesse de diminuer, qu'on constate quand même masse de problème dont le recrutement des enseignants, le vieux débat sur les vacances qui revient. Évoquer les vacances scolaires, c'est comme le fauteuil à 40.000€, c'est montrer qu'on est déconnecté de la réalité. Si on fait abstraction des professionnels du tourisme, nos meilleurs amis, il faudra faire remarquer trois choses au président Macron :
- Quand faire venir des élèves au mois de mai en France ça commence à devenir une guerre, imaginer le 14 juillet c'est quand même fantaisiste.
- Avec des températures parfois caniculaires en juin, le 14 juillet est une plaisanterie.
- On fait quoi avec les profs mal payés ? On les paye plus ? Pareil ? Du fait de nos contrats, il sera nécessaire de payer 1 million de prof sur 15 jours d'école de plus. Le fait d'aller plus à l'école, ne nous fera rien produire de plus, c'est donc une dépense de plus.
C'est une réalité du métier, une parmi d'autres. On évoque ici les dépenses régulières que nous faisons pour pouvoir travailler. Dans n'importe quelle société, on vous confie un ordinateur professionnel de la boîte. Dans l'enseignement, on doit avoir son matériel. On pourrait rétorquer que depuis la COVID, une prime informatique de 150€ par an est versée, c'est vrai. Le problème du métier d'enseignant c'est en fin de compte son manque d'encadrement. 18h de cours à fournir sur le papier, mais combien de temps consacré à la mission et désormais aux extras. Le métier d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec celui d'hier. Les enfants à particularité, les problèmes sociaux, mais aussi la paperasse ont démultiplié les tâches. Je suis à un âge trop avancé pour envisager changer de métier qui conserve encore ses avantages comme les vacances qu'on veut raboter, mais pour quelqu'un de jeune, c'est un métier que je déconseille fortement.
Le pass Culture ne touche que les gens qui ont déjà un intérêt pour la culture. Il faut réaliser que c'est plus profond que ça. Je vois pas mal de gamines qui lisent des mangas ou des romans actuels dans les pas de 50 nuances de gris. La majorité des jeunes n'iront pas chercher la culture car ils n'y voient aucun intérêt. Pour eux, une date, un lieu, un événement, ça n'a aucune importance parce que ça ne sert à rien, ce n'est pas utile. L'argument pourrait se défendre, sans même porter un jugement sur ce qu'ils font, ce qu'ils regardent. Le problème c'est de l'attendre à tout. Ça ne sert à rien d'apprendre à conduire, il y a blablacar. Ça ne sert à rien d'apprendre à faire à manger, il y a Uber Eat. L'argument du ça ne sert à rien est extensible à l'infini et dissimule en fait une paresse crasse. La curiosité ça se travaille.
Hier une collègue m'interpelle pour me dire qu'on peut mettre ChatGPT dans une calculatrice, elle l'a vu dans le reportage que je vous conseille de regarder. Il apparaît que les journalistes auraient dû demander à ChatGPT pour savoir si c'est possible. Bien évidement, c'est impossible quand on connaît les ressources, mais j'ai remonté à la source de la vidéo du journaliste : Chat GPT et 20/20 en maths ? Solution 👉 ta CASIO
On voit le gars qui explique comment il a réussi à mettre ChatGPT sur une casio FX 92 collège ...... Pas besoin d'être prof de maths ou ingénieur en informatique pour comprendre que c'est une grosse blague.
Je crois qu'on n'a pas tous les mêmes combats, mais ça a l'air de leur tenir à cœur. A titre personnel, je le mets au même niveau que celui qui mine du bitcoin sur une Game Boy.
La conclusion de l'article est assez édifiante et rejoint un peu ce que j'avais écrit quant à la culpabilisation qui nous pousse à la modification permanente pour donner l'illusion de productivité. Le bon vieux devoir à papa, celui qui fait qu'on fait 300 fractions pour être sûr qu'on saura faire la 301ème, doit-elle être remise en question parce que l'IA sait le faire ? La réflexion n'est pas à faire au niveau de l'enseignant mais plus haut, savoir le monde dans lequel on veut vivre. Les Australiens par exemple ont fait le choix d'un monde dans lequel les jeunes pourraient binger sur les réseaux à partir de l'âge de 16 ans. On peut effectivement faire le choix du moindre effort intellectuel. Trouver la parade aux IA pour ma part ne sert à rien, il va simplement falloir rajouter du temps scolaire pour passer davantage de temps à évaluer dans notre monde actuel basé sur l'évaluation.
L'argument : > Il est tout à fait probable que l'interdiction conduise les jeunes vers des zones plus sombres d'Internet où il n'existe pas de règles générales, d'outils de sécurité ou de protection." est tout de même d'une hypocrisie particulièrement crasse quand on connaît le jeu des algorithmes de ces plateformes. Cela dit, dans l'absolu, ce n'est pas totalement faux, ce qui signifie bien que l'interdiction doit s'accompagner de moyens pour les parents d'avoir un véritable contrôle sur ce que font leurs enfants. On pourrait me faire remarquer qu'il faut éduquer, expliquer, et j'en passe, sauf que dans les faits, les ados s'en moquent complètement. Avec les années, ce n'est pas un ressenti, mais un simple constat, la pédagogie ne fonctionne pas, seul le gendarme marche.
Dans mon établissement, le facteur de stress est une douce plaisanterie. Je vois parfois des élèves regarder ecoledirecte avec une semaine de décalage en salle informatique. Et c'est un problème de fond pour ma part, génération ultra-connectée sur plusieurs réseaux sociaux mais qui ne prendra pas le temps de regarder ce qui se passe à l'école, le travail, les obligations. Pour moi l'ENT reste positif dans sa globalité, parce qu'il a le mérite de laisser une trace écrite et de "dégrossir". J'entends par là qu'envoyer un mail à toutes les familles c'est savoir qu'au moins certains le liront et le diront aux autres.
Pour le reste c'est une charge de travail supplémentaire qu'on a vu apparaître et qui s'est accentuée avec la crise COVID. Les parents ou les élèves communiquent à toute heure, y compris pendant les vacances et le weekend. Alors qu'il paraît logique de ne pas appeler son garagiste le dimanche, qui de toute façon ne répondra pas, pour le professeur, on juge que c'est totalement légitime.
Il y a quelque chose que je trouve assez intéressant, amusant et effrayant à la fois. A une époque, cette idée de deux heures de sport en plus, présentée comme une injonction pour sauver une jeunesse qui ne fait plus rien n'aurait pas eu de sens. Les jeunes faisaient du sport, des activités, aujourd'hui ils ne font rien. Les sportifs ont donc raison, il faudrait pour le bien collectif davantage de sport. Sauf que le problème et c'est ici que c'est assez effrayant, c'est que l'école ne peut pas se suppléer à tout. Je suis passé de simple professeur à éducateur dans mes missions. On en fait tellement au quotidien pour pallier les carences familiales qu'il faudrait qu'on vive avec nos élèves. Cette vision d'imposition devrait après tout être imposée aux adultes pour casser notre sédentarité, notre surpoids. On se rapproche quand même de plus en plus d'une société décrite dans S.O.S Bonheur de Vanhamme.
On me dit dans l'oreillette que les jeux olympiques sont terminés !
Des résultats toujours catastrophiques et pas de solution en vue.
Non seulement on se tire une balle dans le pied parce qu'on a des gens brillants qui ne pourront pas faire d'étude, mais en plus on va creuser des inégalités sociales et de territoire. Je suis en région parisienne ou dans une grande ville, je vis chez mes parents j'ai accès à toutes les universités possibles, je suis à la campagne, mes parents n'ont pas d'argent, je vais pousser à BAC +2 si j'ai la chance d'avoir un BTS. L'ascenseur social est mort.
Jusqu'à cinq milliards d'économie par an pour une mesure qui ne fonctionne pas. J'ai envie de dire autant d'argent qu'on aurait pu investir dans l'éducation afin d'assurer la mixité sociale. Ce que j'écris est faux, car on sait bien que l'école dépend du quartier, de la ville ou parfois de l'argent des parents pour une grosse école privée. Mais derrière le SNU, il y avait le rêve de la mixité sociale du service militaire où le fils d'ouvrier côtoyait le fils du patron. Sauf que le modèle n'est plus applicable avec la jeunesse d'aujourd'hui qui préfère fuir l'école pour guetter à 300€ la journée. Il faut faire l'éducation où on peut la faire et c'est déjà trop tard pour le SNU, c'est à l'école.
J'ai des collègues qui sont payés une misère pour gérer trois gosses en même temps dont des TDAH++ non traités. Pas de formation bien sûr, et une paye de misère pour des gens qui sont super et le cœur sur la main. AESH ou AVS c'est plus qu'un métier, c'est une mission indispensable au fonctionnement de notre école de plus en plus inclusive avec des élèves aux pathologies parfois très lourdes.
La parentalité paresseuse, ça prête à sourire. Si on suit les conseils de l'article, il faut assumer tout de même de voir partir son enfant dans le mur. Si l'on prend par exemple le fait de les laisser s'ennuyer, c'est oublier qu'ils vont en profiter pour s'abrutir sur le téléphone portable. Ne pas prendre leur rendez-vous c'est assumer le fait qu'ils ne les prendront pas. Concrètement, si je rejoins le principe, à savoir qu'il faut laisser nos jeunes un peu se débrouiller, jusqu'où faut-il laisser les enfants échouer pour réagir. Car et c'est ici la force de nos jeunes, un je-m'en-foutisme sans limite où rien n'a d'importance si ce n'est le moment présent.
Il y a tout de même quelque chose que j'ai du mal à comprendre du côté des syndicats. En fait, on a l'impression que tout n'est qu'une question d'élèves par classe. Pour ma part, le problème n'est pas forcément d'avoir 15 ou 35 élèves mais c'est qui j'ai en face. Ici un TDAH qui n'est pas traité, là un multidys pour qui il faut refaire l'intégralité, des PAP à respecter pour cinq autres et j'en passe. L'hétérogénéité du public avec une inclusion qu'on veut toujours plus forte est une réelle difficulté, une usure pour une différentiation toujours plus importante. On n'évoque jamais le niveau des diplômes, le travail fournit par nos élèves, l'exigence.
Il est certain que commencer par une bonne dose de populisme en prêtant attention à des TikTokeurs plutôt que d'écouter les professionnels de l'éducation qui râlent depuis des années, c'est une grande entrée dans la cour des ministres de l'Éducation. Le témoignage de la jeune fille qui explique "Je me réveille à 5 heures du matin et je rentre chez moi, il est 21 heures, on n'en peut plus" devrait directement être transféré au ministre des Transports : ça s'appelle la campagne française. Et encore, la campagne c'est relatif, parce que Narbonne ou Béziers n'est pas vraiment la campagne.
L'article positif qui fait croire qu'on va continuer à apprendre des langues et que l'IA est une opportunité. Avec des enfants qui ne maîtrisent pas leur langue maternelle, il ne faudrait pas trop croire au père Noël non plus.
La position de ministre de l'Éducation nationale est devenue peut-être plus difficile que celle de ministère de l'Intérieur. Car finalement, depuis Nicolas Sarkozy, on sait que le ministre de l'Intérieur, c'est le bad boy, celui qui a le mauvais rôle. Depuis Blanquer, la colère du monde enseignant face à son ministre de tutelle est tellement palpable, que les journalistes se font un malin plaisir d'allumer la poudrière. C'est un peu comme faire un article sur Linux, vous savez que ça va faire réagir. Tiendra-t-elle jusqu'en 2027 ?